Anne Bardet est docteure en philosophie de l’Université Saint-Louis – Bruxelles (2020) et chercheuse associée au Centre Prospéro. Sa thèse de doctorat, « L’herméneutique de l’histoire d’Ortega y Gasset, entre volonté de système et urgence du présent », explorait la manière dont Ortega parvenait à conduire ce qu’il appelle une histoire du dedans [una historia desde dentro], à mi-chemin de la métahistoire et de l’empirie : une histoire à même de résorber l’écart entre res gestae et historia rerum gestarum, jouant conjointement sur le tout et le détail, la loi et le fait, la durée et l’événement. Après avoir été chercheuse postdoctorale rattachée au projet ARC « Philosophie critique de l’à-venir : temporalité, imagination, utopie » (USL-B & UNamur), Anne Bardet consacre actuellement ses recherches aux philosophies espagnoles de l’exil (1939-1977). Elle cherche plus particulièrement à mettre en évidence une convergence, chez María Zambrano, José Gaos, Adolofo Sánchez Vázquez et Josep Solanes, autour de l’idée selon laquelle la condition d’exilé serait à même de dire quelque chose de la nature de l’homme – une nature jamais figée, mais toujours déjà historicisée, en déplacement continu par rapport à ce qu’elle était d’abord et qui semblait le plus fermement acquis. Elle s’interroge par ailleurs sur la question de savoir si les phénomènes migratoires actuels pourraient être interrogés à la lumière de l’idée d’une condition humaine existentiellement marquée par l’exil.