Elizabeth Anscombe. L’esprit en pratique

Valérie Aucouturier

Paris, CNRS Editions, 2012.

Elizabeth Anscombe (1919-2001) est l’une des grandes philosophes britanniques du vingtième siècle. Influencée par Aristote et la scolastique médiévale, ainsi que par les enseignements de son maître Ludwig Wittgenstein, elle a véritablement renouvelé les débats en philosophie de l’action et en philosophie morale. L’action est une perplexité pour le philosophe car elle est irréductible à un mouvement sans agent: elle engage une volonté, des intentions et des valeurs morales. Elle se situe donc à l’intersection entre philosophie de l’esprit et philosophie morale : préciser le rôle de la volonté et des intentions dans l’action peut nous éclairer sur les degrés de responsabilité (en particulier morale) de l’agent. L’enjeu consiste alors à comprendre l’intrication de ces diverses dimensions de l’action : sa spontanéité, car les agents ne sont pas mus, ils sont les moteurs de leurs actions ; sa dimension téléologique, car l’agent vise souvent ce qui est à distance de l’action elle-même. L’esprit en pratique offre une lecture de cette partie de la philosophie de Anscombe suivant deux lignes directrice : d’une part, la philosophie de l’esprit ne sonde pas une pure intériorité, mais doit opérer un détour par la philosophie de l’action, décrire le « mental » dans ce qu’il a de visible. D’autre part, toute considération sur l’éthique doit s’appuyer sur une vision claire des motifs de l’action et du type d’agent qu’est un agent humain. L’œuvre d’Anscombe, incontournable, s’inscrit ici pleinement dans les débats contemporains sur la subjectivité, l’intentionnalité, l’agentivité et la responsabilité, en les renouvelant.

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