Premières journées d’études du réseau Imaginaire social et Création – 6,7 et 8 juin 2013

Le Centre Prospéro – Langage, image et connaissance fait désormais partie du réseau « Social Imaginary and Creation », réseau international et interdisciplinaire de recherche en Arts, sciences humaines et sociales. Ce réseau organise annuellement des journées d’études autour de la pensée de Cornelius Castoriadis. Ce réseau comprend l’Association Castoriadis, l’IMEC, l’Alpen Adria Universität-Klagenfurt, la Columbia University New-York, l’Université d’Ottawa, l’Université Paris 7-Diderot, l’Université Södertörn de Stockholm ainsi que l’Université Saint-Louis-Bruxelles.

Les premières journées d’études de ce réseau international se dérouleront entre Paris et Caen, du 6 au 8 juin prochain. Elles auront pour thème: l’imaginaire de la ville.

L’imaginaire de la ville, c’est bien sûr celui qu’elle suscite, celui qui nourrit la littérature, le cinéma, la musique ou encore la bande dessinée ; mais c’est également l’imaginaire relevant d’un collectif anonyme, comme dit Castoriadis : celui qui a présidé à l’institution même de la ville et qui renvoie à la dynamique qui la caractérise. Structurante pour les individus, la ville est en effet elle-même structurée par une certaine vision du monde : elle est une forme social-historique que l’on ne saurait réduire à des éléments constituants, mais qu’il convient d’envisager comme une totalité signifiante.

Aussi, loin de prétendre en rendre compte à partir de ce qu’elle n’est pas, s’agit-il de considérer la ville en tant que telle et de saisir les significations imaginaires qui la spécifient, lesquelles revoient aux significations centrales du monde social où elle s’inscrit. Pour les sociétés occidentales modernes, il s’agit du projet de maîtrise pseudo-rationnelle de la nature et des hommes et du projet d’autonomie qui, bien qu’hétérogènes en droit, structurent de fait (conjointement) les différentes dimensions de la société. Il n’est dès lors pas étonnant que quelqu’un comme Henri Lefebvre ait souligné cette ambivalence, assurant que, tout en étant aliénante, la ville moderne portait en elle des possibilités émancipatrices.

La question reste toutefois de savoir ce qu’il en est d’une telle approche alors que le néolibéralisme signe l’éclipse du projet d’autonomie. Aujourd’hui, la ville post-industrielle en appelle au « créatif » dans les formes les plus variées et les politiques d’aménagement du territoire entendent promouvoir, sinon programmer, la création dans tous les domaines, notamment culturels. Pour séduisante qu’elle soit en apparence, une telle démarche semble conduire à une ségrégation sociale incompatible avec le projet d’autonomie défendu par Castoriadis. Faut-il penser qu’elle éteint ainsi toute formes de résistance ? Ce serait réduire le développement de la ville à l’action volontaire et consciente des individus qui la composent, alors même qu’il ne cesse de la déborder pour s’affirmer comme une véritable création de soi. Si « la ville est la forme de l’humanité » comme dit Claudel, c’est dans la mesure où l’homme ne cesse d’altérer les formes de l’humanité, de les inventer, de les créer. C’est ce que nous tâcherons d’envisager au travers de réflexions et d’analyses in situ, tant sur les rives de l’Orne qu’à Paris.

Comité d’organisation 2013 : Association Castoriadis, IMEC, Université Södertörn de Stockholm, en partenariat avec la ville de Caen. Responsable scientifique : Philippe Caumières (p.caum@orange.fr) Coordonnateur : François Bordes (francois.bordes@imec-archives.com)

programme des premières journées d’études du réseau Imaginaire social et création