Vendredi 28 novembre 2025
14h à 19h
Coorganisée par le Centre Prospéro (Andrea Schellino, Isabelle Ost) et Laura Santone de l’Università Roma Tre.
Dans la tradition philosophique et littéraire française, le terme esprit (du latin spiritus, « vent, souffle »), recouvre une richesse de significations et de résonances. Il se pose comme un principe fondateur : opposé au corps, il se sépare des sens, et incarne ce « divin impersonnel » évoqué par Albert Béguin. S’appropriant la matière, il la « monte à son niveau » et l’« annihile par l’abstraction » selon la formule de Flaubert dans La Tentation de saint Antoine. Pourtant, malgré ce substrat théorique, l’esprit semble s’acclimater à quelque chose de vivant et de situé, qui parfois le tourne vers l’humeur ou la passion : un individu, une communauté, une époque, une culture… La langue appartient à cette situation concrète : « L’image la plus exacte de l’esprit français est la langue française elle-même », écrivait Désiré Nisard, envisageant la langue comme une forme de l’esprit.
Cette journée d’étude propose d’examiner les voies multiples par lesquelles l’esprit se communique et se transforme, pour comprendre comment le langage façonne les représentations et inspire la pensée. Nous invitons également, en ce sens, à interroger les passages entre langues, la traduction et les métamorphoses linguistiques qui animent la vie de l’esprit.
Programme provisoire :
Catherine Penn
Descartes. Du principe de supériorité de l’esprit sur la langue à l’écriture et (auto)traduction des traités en français.
Virgine Yvernault
L’esprit français et la caractériologie des nations à la fin du XVIIIe siècle : le cas de Beaumarchais en Europe
Martin Mees
Un esprit romantique ?
Monica Lucioni
Avoir de l’esprit… à traduire. Théophile Gautier à Venise
Henri Scepi
De la poésie comme activité spiritographique
Adrien Cavallaro
Esprit français et mauvais esprit
Yves Testenoire
Des structures de la langue aux structures de l’esprit : les cours de Roman Jakobson à l’École libre de New York
Isabelle Ost
Au pied de la lettre. Métaphore et performativité de la langue