Journées Castoriadis « Castoriadis sur l’agora philosophique » – 6 et 7 mai 2008

L’histoire du groupe « Socialisme ou Barbarie » ressemble à celle de toutes les avant-gardes : extrêmement isolé durant son existence, il est devenu quasi-mythique aujourd’hui sans que son apport théorique soit mieux connu. La notoriété acquise par le groupe à partir de Mai 68 n’a pas été synonyme d’une prise en compte effective de sa production. Son rayonnement se manifeste sans doute davantage au travers des pensées qu’il a inspirées. Ce groupe, marqué par les figures de Castoriadis et Lefort, ses fondateurs, a su attirer à lui des figures qui ont compté dans le champ intellectuel à partir des années 60 et tisser des liens avec nombre d’intellectuels de renom. S’il paraît impossible de discerner la part exacte qui revient à Castoriadis dans ces influences, du moins peut-on cerner son apport comme penseur original en tâchant de prendre la mesure des spécificités de son œuvre par opposition avec celles de ceux qui l’ont côtoyé. Une chose est en effet l’accord sur l’analyse des systèmes bureaucratiques -qu’ils soient staliniens ou capitalistes-, une autre les propositions concrètes et les affirmations positives que l’on peut en tirer. On sait que la redéfinition de l’objectif révolutionnaire a suscité de vives tensions au sein du groupe concernant la question du militantisme et du parti révolutionnaire. Une fois acquis que l’on ne pouvait se contenter de lutter pour l’appropriation collective des moyens de production mais qu’il fallait plutôt viser « l’abolition de la distinction fixe et stable entre dirigeants et exécutants dans la production et dans la vie sociale en général » (C. Castoriadis, « La société bureaucratique »), il restait à construire une organisation à la fois efficace et non bureaucratique pour mener une telle lutte. C’est à ce propos que de vives tensions s’exprimèrent conduisant, dans un premier temps, Lefort et quelques militants à prendre leurs distances avec le groupe avant de susciter leur départ définitif quelques années plus tard. On sait également que la critique développée par Castoriadis à l’égard du marxisme ne fut pas acceptée par tous et provoqua une nouvelle scission.

L’objectif des Journées 2010 est de préciser ces crises et ces divergences tout en cherchant à mesurer l’influence qu’aura eue l’expérience de « Socialisme ou Barbarie » sur ceux qui en firent partie.

Programme 2010 des journées Castoriadis « Castoriadis sur l’agora philosophique »