Colloque Les métamorphoses de la « généalogie » après Nietzsche

Colloque international

Les 22 et 23 avril 2021

 

Organisé par le Centre Prospéro. Langage, image, connaissance (USL-B)

 

« […] la seule possibilité théorique que je me sente, ce serait de laisser, selon le dessin le plus intelligible possible, la trace des mouvements par lesquels je ne suis plus à la place où j’étais tout à l’heure »

Foucault, Du gouvernement des vivants, leçon du 30 janvier 1980

Dans Genealogy as Critique (2013), Colin Koopman présente la « généalogie » comme une tradition philosophique non triviale, inaugurée ou du moins promue par la Généalogie de la morale de Nietzsche, au sein de laquelle quelques grands noms ont été Nietzsche lui‑même, Foucault, Bernard Williams, Wendy Brown ou Judith Butler. Une telle présentation semble naturelle : non seulement ces différents auteurs ont tous employé le mot « généalogie » en un sens positif, mais ils ont aussi entretenu des rapports manifestes de lecture et de citation mutuelle. Il est toutefois difficile d’analyser un objet historique tel qu’une tradition. Ici, la tentation immédiate serait de conclure que la généalogie « est » quelque chose, que nous devrions dès lors définir génériquement, pour tirer de cette définition quelque chose comme le dénominateur commun d’un courant philosophique en bonne et due forme. Cette préoccupation définitionnelle semble d’ailleurs omniprésente dans la littérature anglophone récente.

Or il s’agit peut-être d’un paradoxe, car la pertinence de cette question n’est pas intrinsèquement évidente. On pourrait objecter que Nietzsche, Foucault et Butler nous ont précisément mis en garde contre l’essentialisme inhérent aux questions en « Qu’est-ce que… ? », y compris face à des concepts aussi communément admis que la morale, l’homme ou le sexe : « seul est définissable ce qui n’a pas d’histoire », écrivait Nietzsche au § 13 du deuxième traité de la Généalogie de la morale. Si la tradition généalogique est bien une certaine histoire, alors une manière plus méthodique de l’interroger serait peut-être de se demander quels sens on a successivement attachés au mot « généalogie », dans le jeu inévitable des réceptions et des réinterprétations. C’est le problème général que ce colloque voudrait poser. Dans cette perspective, on ne présupposera pas qu’un concept transversal de généalogie se serait transmis de Nietzsche à nos jours : il s’agirait au contraire de mettre cette hypothèse sérieusement en question, en comparant les discours méthodologiques revendiqués ainsi que les pratiques généalogiques concrètes des généalogistes. On en viendrait ainsi à esquisser une histoire des métamorphoses de la « généalogie » après Nietzsche. Trois axes de recherche pourront notamment être les suivants :

  1. Quel rôle le Nietzsche et la philosophie de Deleuze a-t-il joué dans cette histoire ?
  2. En quel sens Foucault s’est-il réapproprié le mot « généalogie » au début des années 1970 ?
  3. Quels échos l’usage foucaldien de la généalogie a-t-il suscités dans les mondes anglophone et germanophone ?

 

Programme du colloque

Jeudi 22 avril 2021

10h : Introduction

I. Généalogie, évolutionnisme, biologie

Modération : Emmanuel Salanskis

10h30 : Louis Carré (Université de Namur) : « La généalogie comme histoire naturelle. Nietzsche, Dewey et le darwinisme »

11h15 : Marco Brusotti (Università del Salento) : « Deviens celui que tu es ! Georges Canguilhem et Nietzsche »

12h : Déjeuner

II. Le moment généalogique français des années 1960-1970

Modération : Natacha Pfeiffer

14h : Gabriel Valladão Silva (Technische Universität Berlin) : « La différence dans l’origine. Le concept de généalogie dans le Nietzsche et la philosophie de Deleuze »

14h45 : Emmanuel Salanskis (USL-B / Université de Strasbourg) : « Une “généalogie de la morale” de Foucault ? »

15h30 : Pause

III. Généalogie et phénoménologie

Modération : Quentin Landenne

15h45 : Guilel Treiber (KU Leuven) : « “Le philosophe essentiel” : le Nietzsche de Heidegger et la (re)formulation de la généalogie foucaldienne »

16h30 : Clément Bertot (Université catholique de Louvain) : « Sur l’héritage nietzschéen de Michel Henry. Le cas de la généalogie »

17h15 : Clôture de la première journée.

 

Vendredi 23 avril 2021

I. La « généalogie » dans les études de genre et les études féministes

Modération : Daniele Lorenzini

10h : Fabienne Brugère (Université Paris 8) : « Sexe, genre et désir selon Judith Butler. Une critique généalogique »

10h45 : Marina García-Granero (Universitat de València) : « La réception de la méthode généalogique dans les études féministes »

11h30 : Javier Burdman (Université de Strasbourg) : « Une politique au-delà de la morale ? La réception de la Généalogie de la morale de Nietzsche dans la pensée politique agonistique »

12h15 : Déjeuner

II. Généalogie, savoirs, critique sociale et politique

Modération : Martin Mees

14h15 : Daniele Lorenzini (University of Warwick) : « Genealogy and Critique in Foucault and Fricker »

15h : Guillaume Le Blanc (Université de Paris) : « La généalogie des savoirs assujettis »

15h45 : Pause

16h : Frédéric Porcher (Université de Strasbourg) : « La généalogie dans les débats contemporains sur les modèles de critique sociale »

17h : Clôture du colloque

 

Université Saint Louis – Centre Prospéro
Bd du jardin botanique, 43 – 1000 Bruxelles

Le colloque aura lieu en ligne. Pour y participer : prospero@usaintlouis.be.

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