Journée d’étude du réseau Philature

Vendredi 15 novembre 2024

Limites, frontières et seuils : au-delà du partage littérature/philosophie

Philature : tel est le nom choisi pour ce réseau de recherche international qui vise à explorer les multiples modalités de rencontre entre philosophie et littérature, entre littérature et philosophie – et la philosophie… et la littérature, aurait dit Deleuze. L’homonyme dont s’inspire ce nom, le terme de « filature », désigne d’abord la fabrication (ou la fabrique) du fil à partir de matières textiles, puis, par jeu de métonymie, l’action de filer quelqu’un pour en suivre les traces.
En ce sens, Philature est un réseau, c’est-à-dire un ensemble de liens tissés entre des chercheuses et des chercheurs qui veulent mettre en dialogue deux disciplines, et plus fondamentalement deux discours, ayant tout à gagner à ne pas s’ignorer. Il s’agit, de surcroît, d’un réseau où l’on travaille à même la matière du texte, tissu de formes (qu’elles soient littéraires et/ou philosophiques) créatrices de sens – du sens dont il s’agit de filer les traces, comme on repère et interprète des indices, afin de le produire encore et encore. L’enjeu de ce réseau n’est pas d’interroger par la comparaison ce qui ferait le propre de chacune de ces disciplines, ou à l’inverse d’appeler à un discours hybride en toutes circonstances, mais plutôt de faire droit à une pluralité d’écritures et de pensées dont le partage disciplinaire ne suffit pas à rendre compte.

Argumentaire

Le réseau Philature, inauguré grâce à un partenariat entre l’Université de Lille (UMR 8163 STL, Savoirs, Textes, Langage, avec la participation de l’ULR 1061 ALITHILA, Analyses littéraires et histoire de la langue) et l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles (Centre Prospéro), a fait l’objet d’une journée de lancement le 23 janvier 2024. Nous proposons à présent une deuxième journée d’étude, qui s’inscrira dans le prolongement de la première tout en cherchant progressivement à élargir le périmètre du réseau. Elle aura lieu à Bruxelles et se donnera cette fois un objet de travail commun : « Limites, frontières et seuils : au-delà du partage littérature/philosophie ».

Chacun sait – et s’il le fallait, l’actualité internationale serait là pour nous le rappeler quotidiennement – que les limites et les frontières sont des opérateurs de séparation, de cloisonnement et de fermeture, mais qu’elles sont aussi des lieux d’articulation et de passage, de mise en rapport et de lien, et ce de manière foncièrement ambivalente : pas d’identité sans altérité, pas de communauté sans différenciation. Limites et frontières constituent ainsi des dispositifs liés à la spatialité qui non seulement circonscrivent des zones et territoires distincts et contigus, qui balisent la vie pratique et morale (l’autolimitation comme principe de gouvernement de soi), mais qui rendent aussi possibles certaines opérations mentales indispensables telles que la faculté de distinguer et d’opposer. Ces dispositifs organisent dès lors tous nos distinguos conceptuels, à commencer par ceux du dedans et du dehors, de l’en deçà et de l’au-delà, de l’interne et de l’externe, de l’inclus et de l’exclu, du normal et de l’anormal, du régulier et de l’irrégulier, etc. Le seuil, quant à lui, concept chargé de la même ambivalence, peut mettre en péril la limite par le fait même d’offrir la possibilité de son franchissement, tout en confirmant du même coup l’existence, voire la nécessité de celle-ci. Il fonde ainsi à son tour la condition même de la subversion de ces lignes tracées, ce que traduit notamment le préfixe « trans » (que l’on retrouve dans transdisciplinaire, dans transfrontalier, ou encore dans transgression).

De transdisciplinarité, c’est ce dont il sera question lors de cette journée qui, entre littérature et philosophie, interrogera la possibilité, le rôle et les modes de fonctionnement de la limite, des frontières et des seuils. Interrogation qui pourra être d’ordre méthodologique : entre littérature et philosophie, y a-t-il une véritable frontière ? Quels en seraient les seuils, les points de rencontre et de dialogue possibles ? Comment bousculer les partages disciplinaires trop nettement établis, comment remettre du jeu au sein de limites discursives sans doute trop vite figées et canonisées, comment penser autrement qu’en se bornant à ces limites – penser philosophiquement la littérature, écrire littérairement la philosophie ? En outre, les contributions, faisant fond sur cette remise en question de nos limites catégorielles, pourront également être d’ordre thématique ou analytique : il s’agira alors d’études de cas – d’œuvres littéraires ou d’œuvres philosophiques – qui permettront de s’interroger sur les frontières entre littérature et philosophie, mais aussi plus largement sur la façon dont ces deux discours réfléchissent (à) ces concepts de limite, de frontière et de seuil, à leur nécessité comme à leur subversion, dans un geste à la fois critique et performatif.

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Cette journée d’étude se déroulera le 15 novembre 2024, à l’UCLouvain, sur le site Saint-Louis à Bruxelles. Elle est organisée dans le cadre du réseau international Philature, à l’initiative du Centre Prospéro. Langage, image et connaissance ainsi que de l’UMR 8163 Savoirs, Textes, Langage (STL) de l’Université de Lille. Si les intervenants et intervenantes seront prioritairement des membres de ces deux institutions universitaires, la journée sera cependant ouverte à tout public et libre d’accès.

Les contributions dureront chacune 40 minutes maximum.

UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, local à définir.