Journées d’études internationales : Les limites du langage. Approches transhistoriques

Les limites du langage. Approches transhistoriques

Université Saint Louis – Centre Prospéro / Mercredi 21 et Jeudi 22 Février 2018
Bd du jardin botanique, 43 1000 Bruxelles – Salle P61

De quelle nature est ce que l’on ne peut pas dire ? Quel est le statut de cela à quoi l’on peut se référer comme étant par-delà les limites du langage ? De quoi parlons-nous lorsque nous parlons, ou prétendons parler, de ce que nous ne pouvons dire ?
Cette interrogation, qui fait écho tant à la « théologie négative » qu’à la réflexion wittgensteinienne sur le non-sens, engage des questions métaphysiques et théologiques fondamentales, mais se module évidemment prioritairement en fonction de la conception du langage que l’on adopte. Car selon la nature de ce dont on indique/dénonce/affirme les limites, celles-ci seront bien sûr à entendre très différemment. A ce titre, la question des limites du langage suppose une réflexion sur la nature de ce que l’on appelle le langage ; plus encore, elle peut être – doit-être – une interrogation permettant de la clarifier – la question des limites du langage ne serait donc pas tant subordonnée au problème de sa nature, qu’elle permettrait de le poser.

De ce point de vue, il semble indispensable avant toute chose de mettre en exergue le fait que le langage, loin d’être un ensemble substantiel – qui serait constitué, comme autant de parties permettant d’identifier des frontières quasi-matérielles, de « mots », de « significations » ou de « signifiants –, est un pouvoir, celui de faire des choses avec des mots (« to do things with words ») comme le dit notamment Austin. Ce qui passe les limites du langage serait ce qui excède notre pouvoir de faire des choses avec des mots.

Si le langage est un pouvoir, penser les limites du langage, c’est donc s’interroger sur le sens qu’il y a à parler de ce qu’il n’est pas en notre pouvoir de faire. Cela dépend, évidemment, des cas. Car à quelle aune cette limitation de notre pouvoir est-elle mesurée ? Est-elle évaluée par comparaison avec un autre pouvoir, qu’un autre posséderait ? Relève-t-elle du constat d’une impuissance à réaliser ce que l’on désire ? Consiste-t-elle simplement à rappeler qu’avec un pouvoir, l’on ne peut ni tout réaliser, ni réaliser n’importe quoi ? Procède-t-elle alors d’une simple lucidité quant aux limites de tout pouvoir humain ? Mais alors, en quoi la thèse serait-elle spécifique au langage, et propre à nous en révéler des caractéristiques essentielles ?

La difficulté, lorsqu’il s’agit du pouvoir linguistique, est double : car ce pouvoir a de nombreuses facettes, d’une part, mais aussi car l’affirmation d’une forme d’impuissance linguistique suppose bien sûr sur un autre plan une puissance de dire. Ce sont les tourments du Sophiste que nous sommes ainsi amenés à retrouver d’une manière ou d’une autre.

Pour affronter ce problème, nous nous proposons de faire se croiser des perspectives extrêmement différentes, tant en termes conceptuels qu’historiques, qui regroupent (notamment) la théologie juive médiévale, l’apophatisme néo-platonicien, les raffinements de l’analyse wittgensteinienne du non-sens, la théologie négative que les questions propres à l’herméneutique juridique.

Mercredi 21 février 2018

Présidence : Ghislain Casas (EPHE/EHESS)

8h45-9h Accueil des participants

9h-9h20 Introduction, Jeanne-Marie Roux (USL-B/MSCA
Cofund)

9h20-10h40 Gabrièle Wersinger (URCA) : « Langage et “pensée
du dehors” (Foucault, Bataille, Blanchot, Heidegger, Derrida) »

10h40-11h Pause café

11h-12h20 Valérie Aucouturier (USL-B) : « Le non-sens comme
absence de contexte »

12h20-13h40 Déjeuner
Présidence : David Lemler (Gerda Henkel Stiftung/Unistra)

13h40-15h Anaïs Jomat (USL-B) : « Comment parler de ce qui
n’existe pas ? »

15h-15h10 Pause

15h10-16h30 Olivier Boulnois (EPHE) : « Qu’est-ce que la théologie
négative ? »

16h30-16h40 Pause

16h40-18h Ghislain Casas (EPHE-EHESS) : « L’indicible comme
principe. Paradigme néoplatonicien de l’apophatisme »

Jeudi 22 février 2018

Présidence : Claudio Majolino (UL)

9h30-10h50 Stefan Goltzberg (ULB): « La pratique de la surinterprétation,
indice des limites des langages juridiques. »

10h50-11h10 Pause café

11h10-12h30 David Lemler (Gerda Henkel Stiftung/Unistra) :
« Que se taisent les lèvres menteuses. Considérations sur les limites
du langage dans la tradition rabbinique »

12h30-14h Déjeuner
Présidence : Jeanne-Marie Roux (USL-B / MSCA Cofund)

14h-15h20 Charlotte Gauvry (ULg/FNRS) : « L’expression
linguistique de nos vécus psychiques. En partant de Brentano »

15h20-15h40 Pause café

15h40-17h Charles Travis (U. Porto/KCL) : « Changing places »

17h Verre de clôture